Découvrez les visages des célébrant·e·s de l’ACOR, des professionnel·le·s passionné·e·s prêts à vous accompagner lors des moments marquants de la vie. Que ce soit pour votre mariage, l’arrivée d’un enfant, les funérailles d’un proche, ou pour cheminer à travers votre parcours de deuil, ces officiant·e·s sont là pour honorer la vie dans toutes ses dimensions.

Aujourd’hui, nous vous présentons Andrés Allemand Smaller, un célébrant passionné, membre fondateur de l’ACOR. Depuis 2011, il célèbre des mariages laïques, en particulier pour des couples multiculturels, et accompagne des rituels marquant d’autres étapes de vie, comme des funérailles ou des divorces. Avec un parcours de journaliste, Andrés excelle à personnaliser chaque cérémonie, en mettant l’accent sur l’authenticité et la diversité des histoires et des cultures qu’il célèbre.

Andrès, pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Andrés Allemand Smaller. C’est déjà tout un programme. J’ai un prénom espagnol, Andrés, parce que je suis né en Argentine en 1968. Mon nom de famille, Allemand, vient de lointains aïeux germaniques réfugiés en Suisse romande, où j’ai grandi. Mais à mon mariage, j’ai pris le nom de mon épouse australienne, Smaller.

Depuis 2011, je célèbre des cérémonies de mariage laïques, avec un accent particulier sur les couples multiculturels ou interconfessionnels. Progressivement, j’ai dégagé du temps pour réaliser aussi des services funèbres. Dans mon parcours, j’ai aussi eu la chance d’organiser par trois fois de très belles cérémonies suite à un divorce. Mais j’ai également été sollicité pour des rituels marquant l’accueil de bébés, l’entrée en adolescence, l’inauguration d’une charge publique ou encore un solstice d’été.

Je suis un membre fondateur de l’ACOR. J’ai occupé la présidence de l’association et je suis toujours et encore membre du comité.

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir officiant·e ? Un événement en particulier vous a-t-il inspiré ?

Je préfère utiliser le terme de « célébrant » parce qu’il s’agit toujours de célébrer la vie. Pas seulement lors d’un mariage ou autour d’une naissance! Même lors de funérailles, il s’agit de mettre à l’honneur une existence et identifier les qualités que chacun emporte en héritage.

L’événement déclencheur de ma vocation, ce fut à l’occasion de mon propre mariage, quand j’ai réalisé qu’il manquait des célébrants capables de créer une cérémonie reflétant la réalité de mon couple dans toute sa diversité, avec les diverses traditions dont nous sommes issus, mon épouse et moi-même, mais aussi avec nos philosophies de vie aussi différentes que complémentaires. J’ai aussi réalisé que j’avais les outils et compétences idéales pour contribuer à la création de cérémonies tout à fait personnalisées – donc véritablement authentiques.

Parlez-nous de votre parcours professionnel avant d’exercer en tant que célébrant·e.

Mon premier métier, c’est celui de journaliste. Il m’a appris à poser les bonnes questions, à identifier ce qui est essentiel, et à le retranscrire de manière concise et percutante.

J’ai d’abord été engagé comme rédacteur au sein d’un mensuel protestant, car je suis issu d’une famille de pasteurs et j’ai suivi deux ans de séminaire à l’Atelier oecuménique de théologie, animé par des réformés et jésuites. N’ayant pas trouvé la foi, je me suis intéressé de près à d’autres religions – judaïsme, islam, bouddhisme, hindousime – avant de parvenir à la conclusion que j’étais tout simplement athée. Mais j’en ai gardé une certaine familiarité avec les croyants de toutes les religions.

J’ai effectué l’essentiel de ma carrière de journaliste au sein du quotidien La Tribune de Genève, puis également 24 heures et l’hebdomadaire Le Matin Dimanche. D’abord correspondant à l’ONU, je suis ensuite devenu chef de la rubrique Etrangère. A ce jour, je travaille toujours comme journaliste spécialisé dans l’information internationale. La diversité, sous toutes ses formes, reste une passion pour moi.

Quelle est la cérémonie la plus marquante que vous ayez célébrée, et qu’est-ce qui la rendait spéciale ?

C’est tellement difficile de choisir parmi tant de cérémonies uniques en leur genre!

Je me souviens de l’entrée en scène d’un marié, grand blond aux cheveux longs, avec sa famille en cortège sur fond de tambours celtiques joués par un groupe de hard-rock. Il furent ensuite rejoints par la mariée dans sa robe indienne, avançant sous une canopée mobile que portaient ses proches, dans une danse rythmée par la musique traditionnelle de leur pays d’origine. D’emblée, le ton était donné pour une cérémonie vibrante de diversité.

Ou très récemment, des funérailles autour d’une table ronde où reposait l’urne, entourée d’une multitude de photos et d’objets apportés pour l’occasion par la famille et les amis, comme autant de symboles des relations privilégiées dont l’importance perdure après la mort.

Mais aussi cette femme divorcée qui s’est dit libérée après une cérémonie au bord de l’eau, au cours de laquelle elle a jeté dans les flots les pierres représentant ce dont elle ne voulait plus dans sa vie, avant de sélectionner soigneusement quelques galets à conserver précieusement, symboles de tout ce qui l’a fait grandir au cours de ce chapitre révolu.

Et comment ne pas mentionner cette cérémonie organisée à l’occasion du solstice d’été, qui a arraché à leur conférence universitaire des professeurs spécialisés dans l’étude des rites, les poussant à danser, rire et pleurer, dans une sorte de transe joyeuse. Rien de magique, rien de surnaturel, juste la puissance contagieuse des rituels…

Avez-vous déjà rencontré des défis lors d’une cérémonie ? Comment les avez-vous surmontés ?

Toujours. Le principal défi, c’est de saisir l’essence de l’individu, du couple ou de la famille qui me contacte. Comprendre ses attentes pour la cérémonie, même celles qui sont encore inconscientes. Mais parfois aussi, il y a des tensions dans la famille, qui risquent de prendre le pas sur la beauté et la puissance du rituel. Il faut être capable de se concentrer sur ce qui est essentiel, s’assurer que ce soit le coeur de la cérémonie, mais aussi chercher des moyens de le rendre tolérable pour ceux qui sont en désaccord. Parfois, même si l’on ne parvient pas à désamorcer les tensions, le simple fait de montrer qu’on a fait un effort pour que chacun se sente bienvenu peut réduire le niveau d’agressivité ou permettre une sorte de trêve durant le rituel.

“Les rites de passage sont des outils puissants
pour nous aider à faire la transition d’un chapitre de vie qui se conclut
à un chapitre de vie qui s’ouvre.
Notre cerveau et notre corps semblent faits pour y réagir positivement,
boostant notre énergie et désamorçant les blocages.”

Comment abordez-vous la création d’une cérémonie ? Avez-vous un rituel ou un processus qui guide votre préparation ?

D’abord un entretien en profondeur pour réunir une masse d’informations me permettant de cerner les personnes et leurs attentes, de manière à pouvoir faire des propositions personnalisées. Puis la présentation et la sélection de gestes symboliques (les rituels) qui permettront à chacun de ressentir concrètement le passage d’un chapitre à l’autre de leur vie. Une cérémonie doit être une expérience physique et pas seulement intellectuelle. Pour le dire simplement, le passage, il faut le sentir dans ses tripes et pas juste dans la tête. Et les rituels sélectionnés, tout comme les mots choisis pour la cérémonie, doivent refléter intimement les personnes. C’est pourquoi je soumets toujours le « script » de la cérémonie pour permettre des modifications, des suppressions ou des ajouts. Le résultat, c’est davantage de sérénité.

Comment vous assurez-vous que chaque cérémonie soit unique et reflète les valeurs et histoires des personnes célébrées ?

C’est un travail à la fois simple et exigeant: il faut s’assure que tout – absolument tout – ce qui est dit et fait durant la cérémonie soit intimement lié à la personne, le couple ou la famille qui m’a engagé. Chaque détail est porteur de sens. Très souvent, il faut creuser un peu pour que les désirs montent à la surface ou simplement pour qu’ils deviennent conscients. Il faut proposer des options, des alternatives, pour que chacun puisse bien cerner ce qui lui convient le mieux. Je fais faire de petits exercices rapides pour déclencher des discussions inattendues. Je reformule beaucoup pour m’assurer d’avoir bien compris les nuances, je demande des précisions. Je souligne les avantages et les inconvénients possibles de chaque option. Je crée les conditions pour que chacun fasse des choix en connaissance de cause.

Quel impact pensez-vous que vos cérémonies ont sur les personnes présentes ?
Avez-vous reçu des retours qui vous ont particulièrement touché ?

La puissance du rituel est absolument bouleversante. Au sortir d’un service funèbre, il arrive souvent que des personnes s’approchent de moi pour me confier qu’elles ne se sont jamais senties aussi vivantes. Lors d’un mariage multiculturel, il n’est pas rare que les proches découvrent soudain l’étendue de l’attachement du couple pour leurs cultures d’origines et pour les membres de la famille. Quant aux cérémonies de divorce, elles peuvent réellement désamorcer les frustrations, la culpabilité, le sentiment d’échec, et permettre ainsi le démarrage d’une nouvelle vie. Honorer la vie et marquer ses étapes, cela nous pousse toujours à prendre conscience de la valeur de notre existence.

Comment gérez-vous vos émotions lors des cérémonies, notamment dans les moments sensibles comme les funérailles ?

Tout d’abord, j’ai la chance de ne jamais me sentir mal à l’aise face à l’émotion des autres. Que ce soit durant les entretiens de préparation ou au cours de la cérémonie, les larmes de joie ou de peine ne constituent pas un problème à gérer, elles sont au contraire la preuve que j’ai réussi à créer un environnement bienveillant où des émotions peuvent être exprimées dans leur authenticité.

Je ressens beaucoup d’empathie, mais je ne suis jamais submergé par l’émotion quand je travaille. Là aussi, c’est une chance, car cela signifie que toute mon énergie se focalise sur la création d’un environnement bienveillant, un cocon de sécurité où les autres vont pouvoir laisser libre cours à leurs émotions.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui envisage de devenir officiant·e ?
Quelles compétences sont essentielles selon vous ?

Je lui conseillerais de prendre la peine d’étudier en profondeur la nature et le fonctionnement des rites de passage.

Trop souvent, on voit encore des cérémonies qui consistent essentiellement à raconter la rencontre d’un couple (mariage) ou la vie d’une personne défunte (obsèques). Enorme malentendu. Les rites sont des outils puissants pour nous aider à faire la transition d’un chapitre de vie qui se conclut à un chapitre de vie qui s’ouvre.

Notre cerveau – et tout notre corps – semble fait pour y réagir positivement, booster notre énergie et désamorcer les blocages. Bref, pour nous remettre en marche.

“Célébrer la vie, ce n’est pas seulement
honorer un mariage ou un nouveau-né.
Même dans les moments de deuil,
il s’agit de mettre à l’honneur une existence
et d’identifier les qualités que chacun emporte en héritage.”

Quels conseils pratiques aimeriez-vous partager avec ceux qui préparent une cérémonie pour garantir son bon déroulement ?

Choisissez bien votre célébrant. Prenez le temps de vous faire expliquer sa façon de travailler et les étapes qui vous mèneront jusqu’à la création de votre cérémonie. Assurez-vous que vos idées et vos besoins seront bien pris au sérieux et qu’ils serviront de base de travail. Assurez-vous de recevoir des propositions de rituels qui vous semblent adaptés à la situation et à votre personnalité. Assurez-vous que votre célébrant prévoit assez de temps pour des entretiens en profondeur et pour la rédaction d’un script vraiment personnalisé. Assurez-vous aussi que, le jour de la cérémonie, votre célébrant viendra bien à l’avance pour régler tous les derniers détails. Il faut investir du temps pour réaliser une cérémonie véritablement authentique. Méfiez-vous de tout célébrant qui vous propose une cérémonie « standard » ou soi-disant « personnalisée » en quelques heures seulement.

Pour terminer, avez-vous un message ou une pensée que vous aimeriez partager avec nos lecteurs concernant l’importance des cérémonies dans nos vies ?

Etre vivant, c’est une expérience unique. Ne traversons pas nos existences distraitement, sans avoir l’impression de les avoir véritablement vécues. Les rites de passage, les cérémonies, nous font prendre conscience à chaque étape de l’aventure extraordinaire que nous entreprenons. Et souvent, ces cérémonies nous donnent encore plus envie de vivre pleinement. Alors bonne route!

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